Le départ se fait à partir de l’auberge de Peyre, bien connu comme relais muletier sur les chemins venant des Vans et de Joyeuse et gagnant le Puy.
On suit l’ancienne voie puis on descend vers le hameau de Thines entre bruyère, genêts et châtaigniers. Un sentier offrant de très beaux panoramas sur les serres et les vallées. Le village apparaît planté sur son éperon, dominé par son imposante église. Nous avons rendez-vous à la maison du Gerboul où nous attend Philippe Halais, salarié de l’association des Amis de Thines et du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche.
Nous aurons droit à une visite détaillée d’une heure du village, du monument à la Résistance et de l’église romane. Le hameau ne compte plus que deux habitants à l’année, alors qu’il y en avait plus de 80 en 1870. On y voit plusieurs grandes bâtisses, d’autres plus modestes, l’ancienne école, la maison de la béate, des clèdes, pour la plupart construites en schiste avec de magnifiques toitures en lauzes, des cheminées en pierre étonnantes. Une architecture cévenole caractéristique, issue de l’habitat paysan du Moyen Age ! Il y aurait eu aussi un fort sur le point le plus haut du site.
Le monument commémoratif sur le haut du village a été sculpté par Marcel Bacconnier en hommage à la dizaine de victimes du massacre de Thines, perpétré par les troupes allemandes le 4 août 1943. Il se présente sous la forme d’un triptyque opposant les affres de la guerre, de la barbarie, à gauche aux joies terrestres à droite et, au centre, une Piéta, allégorie de la Résistance, accompagnée d’un extrait du poème de Paul Eluard, Au rendez-vous allemand.
L’église est certainement l’un des plus beaux monuments religieux de l’Ardèche, dont on s’explique assez mal la raison, même si nous ne sommes pas très loin de la voie de pèlerinage du Puy. Cette église étonne par ses dimensions, par la variété des matériaux (schiste, granite gris, grès clair, grès rouge, calcaire), par sa polychromie, son portail majestueux, ses statues-colonnes et son linteau finement ciselés, son escalier monumental, le mélange des influences auvergnates et provençales, la symbolique des chapiteaux et modillons de la corniche…
Le chevet vu du petit cimetière est un vrai régal.
C’est un chef d’œuvre de l’art roman vivarois du XIIe siècle, tout de suite classé monument historique par Prosper Mérimée en 1848. L’église aurait été construite par les moines de l’abbaye bénédictine de Saint-Chaffre du Monastier-sur-Gazeille dont elle dépendait. Le village fut un temps sous la coupe des Chateauneuf de Randon, originaires du Gévaudan, à l’origine aussi des premiers seigneurs de Saint-Remèze. Certains de ces derniers, au XIVe s., n’hésitent pas à porter le titre de « comtes de saint-Remèze et de Thines… »
Un grand merci à notre guide pour la qualité de son intervention.
Après le pique-nique sur une aire spécialement aménagée au pied de l’église, le retour se fera par un sentier assez raide et pierreux menant au petit hameau de La Blacherette, dans une nature encore intacte. On passe de la garrigue à un sous-bois de châtaigniers, de chênes et de pins, avant de rattraper le chemin de Peyre.
Le début de la progression réserve quelques vues exceptionnelles sur Thines et sa vallée.









